mercredi 11 juin 2008

Julie Depardieu rafraîchit Offenbach

L'actrice met en scène pour la première fois un opéra, «Les contes d'Hoffmann». En plein air et pour quinze représentations itinérantes.
«Buvons de la bière, buvons du vin ! » Une œuvre qui commence comme cela ne pouvait que m'intéresser ! », lance Julie Depardieu. Elle met en scène Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach, avec Stéphane Druet, dans le cadre du Festival itinérant des opéras en plein air *. Une première pour l'actrice. « C'était un rêve », confie-t-elle de cette proposition de Tristan Duval. « J'ai pu juger de la sincérité de sa passion pour la musique en la croisant dans des salles de concert improbables », justifie celui qui a créé le festival en 2001. Et puis, « j'ai toujours voulu des personnalités en marge des metteurs en scène classiques. Mon principe dans l'opéra en plein air est d'aller toujours chercher une “première fois” . Seule, Julie Depardieu, n'y croyait pas.

« Ce n'est pas parce qu'on aime qu'on est bon », explique-t-elle. C'est pourquoi elle a voulu Stephan Druet à ses côtés. « À chaque fois que je suis allée voir un opéra d'Offenbach mis en scène par lui, cela a été exactement comme j'avais envie de le voir et de l'entendre ». En outre, « Stephan est aussi souple que je sais être dictatoriale, il a cette confiance en soi que je n'ai pas », le flatte-t-elle.

« Ils sont complémentaires, juge le producteur. Stephan est millimétré, a un sens de la direction d'acteur. Julie a un sens très juste de la musique. Je suis ravi de travailler avec ces deux doux dingues ». Carte blanche leur a été donnée pour choisir l'œuvre. Seule consigne : « éviter la création contemporaine, trop élitiste ». Tristan Duval a jugé « trop élitiste » aussi leur choix de monter Orphée aux enfers, lui préférant Les Contes d'Hoffmann, « plus accessible ». « On n'est pas subventionné. C'est le public qui fait notre succès », insiste-t-il. Qu'importe. Offenbach fut le premier choc lyrique de Julie Depardieu. Elle était adolescente. Du haut de ses 15 ans, elle eut « la frissonnade », dit-elle en insistant sur le néologisme. Depuis, la musique classique est sa passion. Dans son sac de motarde, elle a niché un gros poste Vintage pour écouter des interprétations quand ça lui chante. « Je suis une musicienne manquée, confie-t-elle. Massacrer Brahms ? Je me serais peut-être foutue par la fenêtre. »


Dans un cadre majestueux

L'essentiel, le plus difficile aussi « c'est de savoir traduire ce que l'on veut voir et surtout ressentir ». Pour les Contes d'Hoffmann, œuvre inachevée mais néanmoins « très aboutie », le tandem a choisi une adaptation moderne, dans l'esprit avant-gardiste du compositeur. « Nous avons souhaité partager notre rêverie et notre ivresse musicale », écrivent-ils dans le livret de présentation. L'histoire se situe dans une taverne où se mêlent « amour, humour, désir, magie, manipulation diabolique, érotisme, mystère et élégance ». La mise en scène profite du cadre majestueux des parcs dans lesquels l'opéra est donné : « On peut jouer avec les façades des châteaux ! ». Mais le plein air a aussi sa contrainte : la sonorisation. Le producteur a beau « réinvestir toujours dans le dispositif sonore et acoustique », la critique est tenace. « Il y en a assez de ce syndrome en France de culpabilité des gens avec la culture, tempête Tristan Duval. Dès que l'opéra est sonorisé il est décrié. On n'est pas là pour la pureté absolue, mais pour amener un public qui ne va pas à l'opéra ». Son festival attire en moyenne chaque année 45 000 spectateurs.

* « Les Contes d'Hoffmann » à 21 h 30 les 6 et 7 juin au château du Champ-de-Bataille, du 11 au 14 juin au jardin du Sénat (retransmission sur Paris Première le 14 juin à 23 h 10), les 26 et 27 au château du parc de Sceaux, les 5 et 6 septembre au château d'Haroué et du 11 au 13 septembre au château de Vaux- le-Vicomte. Tél. : 892 707 920 et www.operaenpleinair.com
Powered By Blogger