mardi 13 novembre 2007
CHRISTIAN LACROIX. Histoires de Mode
Photographie Haute Couture CHRISTIAN LACROIX (c) Jean Philippe Raibaud
A l’occasion des 20 ans de la création de la maison de couture Christian Lacroix, Les Arts Décoratifs invitent le créateur à présenter sa première exposition monographique. Christian Lacroix, histoires de mode est une aventure unique, une histoire de la mode du XVIIIe siècle à nos jours racontée de façon libre et subjective par Christian Lacroix lui-même.
C’est un projet de type nouveau où la lecture du patrimoine de la mode, via les collections historiques des Arts Décoratifs, s’associe aux modèles les plus significatifs de la création du couturier. Il en résulte un véritable musée imaginaire, en même temps qu’une interprétation et une passionnante histoire personnelle de la mode.
En s’immergeant dans les collections de mode et textile des Arts Décoratifs, chaque semaine depuis plusieurs mois, le couturier a conçu une exposition où « des lieux, des époques qui n’avaient strictement rien à voir entre eux et qui, frottés comme un silex, font naître une étrangeté (étrange, étranger) d’actualité » (propos de Christian Lacroix recuillis par Olivier Saillard, La Pensée de midi, juin 2000).
Méthodiquement, avec l’exigence et la méticulosité d’un conservateur de musée qu’il aurait souhaité devenir lorsqu’il était étudiant en section Histoire de l’art à Montpellier puis à l’Ecole du Louvre à Paris, Christian Lacroix a examiné chaque vêtement, chaque accessoire conservé en réserve avant d’arrêter sa sélection.
Plus de 400 vêtements, scrupuleusement choisis selon des thèmes ou des techniques que le couturier affectionne et qui ont ponctué l’histoire de la mode, sont mis en regard avec ses propres créations, créant un jeu d’échos et de croisements entre le présent et le passé.
Ainsi les 80 modèles de haute couture de Christian Lacroix illustrent ces différents sujets, les mettent en miroir ou en abîme : les carreaux, les rayures, les pois, le matelassage, le tweed, la couleur... C’est aussi l’occasion pour le couturier de révéler des surprises ressenties devant la découverte de certaines pièces telles les robes des années 30 de Mainbocher entièrement perlées et brodées, qu’il a choisi de montrer. Comme les cartes divisées en trois (tête, tronc, jambes) que l’on peut mélanger à l’infini et avec lesquelles Christian Lacroix dit ne jamais avoir cessé de jouer depuis qu’elles devinrent son jeu favori d’enfant, l’exposition qu’il a conçue s’articule selon trois modes de lecture :
une sélection de vêtements historiques, répertoriés et exposés par connivence plastique, stylistique ou par évocations historiques,
des modèles issus des ateliers Christian Lacroix illustrant vingt ans de création et mettant en évidence les perspectives historiques de la mode évoquées plus haut,
une intervention directe et innovante, mêlant certaines pièces vestimentaires appartenant au musée à celles de Christian Lacroix de manière à inventer une nouvelle silhouette.
Créateur et couturier, réalisateur d’une histoire de la mode subjective et nuancée comme aucun conservateur ou historien de mode ne pourra jamais l’être, Christian Lacroix signe, avec Jean-Michel Bertin, la scénographie en choisissant de faire du vêtement un décor et en imaginant un mannequin particulier pour l’événement.
Quelques phrases d’intention de Christian Lacroix sur le projet :
« Ce n’est pas une rétrospective mais mon regard sur les collections de costumes et de mode des Arts Décoratifs. J’ai sélectionné les pièces les plus inspirantes dont certaines n’ont jamais été montrées, pour raconter au mieux l’histoire de la mode tel un conservateur de musée, que j’aurais souhaité devenir.
Ces vingt ans de couture auront été une autre façon de raconter cette histoire, j’ai choisi les maillons forts parmi une sélection de modèles haute couture de la Maison Lacroix allant de 1987 à 2007. Réunis ensuite par thèmes, du blanc au noir en passant par la couleur, les fleurs, les graphismes, l’ethnique... je les ai associés à des pièces du musée, en allant peut-être jusqu’à mixer-centrifuger les périodes entre elles.
Nous garderons un esprit un peu clinique, non techno, tout simplement technique, un univers de portants, de cintres et de mannequins proches du quotidien, imaginés spécialement pour l’événement, un work in progress, puisque la mode ne s’arrête jamais.
Nous avons tout naturellement essayé d’en disséquer quelques aspects tels des arrêts sur image, entre « exposition » et « collection » en devenir - au sens de « fonds » d’un musée, de « compilation » de vêtements et de « présentation » de Couture.
Il s’agit de démonter/remonter les rouages du processus de création, choisir et assembler/télescoper les ingrédients, les données et les documents du patrimoine avec un regard d’aujourd’hui et le futur immédiat en perspective. »
Christian Lacroix. Mai 2007