vendredi 16 mai 2008
Christian Lacroix fait flamboyer le musée Réattu à Arles
ARLES (AFP) - Le couturier Christian Lacroix qui a baigné durant son adolescence dans l'atmosphère du musée Réattu à Arles, y revient pour mettre en scène les collections maison au côté de ses créations ou d'oeuvres d'amis artistes, pour une exposition du 17 mai au 31 octobre.
Doublement à l'honneur de sa ville natale cet été, puisqu'il est aussi le programmateur des Rencontres internationales de la photographie (du 8 juillet au 14 septembre), c'est avec un plaisir non dissimulé que le créateur, qui a failli devenir conservateur après des études d'histoire de l'art, parcourt les salles du musée des Beaux-Arts, sur les bords du Rhône, pour une visite guidée quasi-autobiographique.
"C'est un musée qui m'a vraiment fasciné. J'y venais tous les jeudis", raconte-t-il.
C'est là qu'il a connu son premier émoi artistique face aux tableaux de Picasso, auquel une exposition avait été consacrée en 1957. Christian Lacroix avait six ans. C'est là aussi qu'il a passé de longues heures à contempler la course du Rhône et les oeuvres de Jacques Réattu ou d'Antoine Raspal.
Les tableaux de ce dernier, qui célèbrent les costumes des Arlésiennes de la fin du 18e siècle, ont inspiré le couturier pour ses collections, comme en témoignent les robes exposées en vis-à-vis. Ils ont longtemps nourri son fantasme: "construire une machine à remonter le temps pour découvrir les odeurs, les goûts, les odeurs" de ce passé.
Cela n'a pas empêché ce "nostalgique invétéré" de dresser "un pont entre l'histoire et ce qui va se passer demain", comme dans cette exposition pour laquelle il a bénéficié d'une totale liberté pour construire une thématique autour du corps, du pli et de la chevelure.
La visite débute par la salle des conférences où une oeuvre de la peintre algérienne Baya est confrontée aux récentes peintures de Marlène Mocquet, une sculpture du Belge Johan Creten et quelques robes coutures.
Elle se poursuit par un hommage au photographe Lucien Clergue, créateur des rencontres photographiques à l'origine sises au Réattu où un département photographique a été créé dès 1965. "C'est grâce à lui que j'ai regardé des photos", dit Christian Lacroix, à la tête d'une jolie collection.
Une autre salle abrite des tapisseries du 16e siècle et une installation contemporaine du sculpteur Daniel Firman, une autre encore les réserves de dessins de drapés de Réattu "qui m'ont sûrement inspiré", dit Lacroix.
Une salle gothique, noire et blanche, est réservée à l'installation d'Olivier Saillard, commissaire associé de l'exposition et chargé de la programmation du Musée de la mode et du textile à Paris.
Parmi les amis invités de Christian Lacroix, outre Firman et Creten, figurent entre autres la photographe Katerina Jebb et Emmanuel Lagarrigue qui vient présenter ses installations sonores.
Le couturier s'est aussi préoccupé des murs et sols du musée, les drapant de soie pour mettre en valeur les tableaux ou de moquettes épaisses, tour à tour sombres ou flamboyantes.
"C'est un lifting cosmétique car le bâtiment, classé monument historique, est en péril", explique la directrice du musée Michèle Moutashar. Elle espère que cette exposition va attirer l'attention de mécènes pour contribuer au programme de réhabilitation de ce palais Renaissance, ancien grand prieuré de l'Ordre de Malte.
Et dès la nuit tombée, le musée s'enflamme en rose fuchsia.